Lorsque la gestion du diabète de type 1 (DT1) devient plus compliquée, on pense souvent aux facteurs comme le stress, aux erreurs de calcul des glucides, aux périodes de maladie ou encore qu’un ajustement des doses d’insuline est nécessaire. Mais il existe une autre cause, moins connue et pourtant fréquente : la lipodystrophie.

Qu’est-ce que la lipodystrophie?

La lipodystrophie est une modification de la structure de la peau et des tissus sous-cutanés, à l’endroit où l’insuline est régulièrement injectée (si vous utilisez un stylo ou une seringue) ou encore au niveau des sites d’insertion des cathéters d’insuline ou des Pod (si vous utilisez une pompe à insuline). Elle se manifeste généralement par des bosses, des creux, ou une peau plus ferme à certains endroits. Cette condition peut sembler bénigne, mais elle a des impacts concrets sur la gestion du diabète.

Pourquoi c’est important?

Lorsque l’insuline est injectée dans une zone touchée par la lipodystrophie, elle peut ne pas être absorbée correctement (p. ex. trop vite, trop lentement, de façon incomplète). Cela peut entraîner des glycémies imprévisibles : parfois trop élevées, parfois trop basses. Certaines personnes peuvent constater qu’une dose d’insuline semble parfois « ne pas fonctionner », ou qu’au contraire, une hypoglycémie survient de façon inattendue.

Quels sont les signes?

  • Présence de bosses ou de creux sous la peau
  • Texture ou aspect de la peau modifiés
  • Zones où les injections sont moins douloureuses (ce qui peut sembler avantageux, mais peut masquer la lipodystrophie), ou, plus rarement, plus douloureuses si les tissus sont enflammés ou indurés.
  • Glycémies très variables sans raison évidente

Comment la prévenir?

La prévention passe par une bonne rotation des sites d’injection ou encore des sites d’insertion des cathéters d’insuline ou Pod. Il est important de :

  • Alterner les zones d’injection (bras, ventre, cuisses, fesses);
  • Respecter des distances suffisantes entre chaque injection ou chaque pose de cathéter ou de Pod;
  • Examiner régulièrement la peau et demander à votre équipe de soins de vérifier les sites lors des rendez-vous.

Que faire si la lipodystrophie est présente?

En cas de lipodystrophie, il est recommandé de :

  • Arrêter d’injecter l’insuline ou d’installer le cathéter ou le pod dans le site concerné tant que la lipodystrophie est présente. La guérison d’une zone atteinte peut prendre plusieurs mois, voire davantage dans certains cas.
  • Consulter l’équipe de soins pour évaluer l’étendue de la lipodystrophie et ajuster les doses d’insuline si nécessaire.
  • Mettre en place des stratégies rigoureuses de rotation des sites pour éviter que de nouvelles zones soient affectées.

Attention : 

Comme l’insuline sera mieux absorbée et donc plus efficace dans un site sain, il est souvent recommandé de diminuer d’environ 20 % les doses d’insuline afin de prévenir d’éventuelles hypoglycémies, puis de réajuster progressivement les doses sur plusieurs jours. 

Les rares études disponibles suggèrent que la précision des lecteurs de la glycémie en continu est peu affectée par la présence de lipodystrophie. Toutefois, installer ces dispositifs dans une zone touchée pourrait ralentir la guérison de la lipodystrophie.

En résumé

Si vous remarquez une gestion plus difficile de votre DT1 ou des glycémies imprévisibles, pensez à vérifier vos sites d’injection. La lipodystrophie est une cause fréquente, mais souvent négligée, de ces variations. En adoptant de bonnes pratiques et en restant vigilant·e, il est possible de prévenir son apparition et de retrouver une gestion plus stable du diabète.

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Pour aller plus loin

Notre plateforme Support propose un module sur la lipodystrophie, avec des images pour mieux comprendre à quoi elle ressemble. Vous y trouverez aussi de nombreuses ressources sur la gestion de l’insuline, la nutrition, l’activité physique, la santé mentale et bien plus encore.

Que vous viviez avec le DT1 (ou le LADA) ou que vous soyez un·e professionnel·le de la santé, créez votre compte dès maintenant pour accéder à des conseils pratiques et avancer à votre rythme.

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Chiffres clés issus du registre BETTER

Dans le registre BETTER, sorte de recensement des personnes vivant avec le diabète de type 1 (DT1) au Canada, 24 % des participant·e·s* déclarent avoir des lipodystrophies, et 36 % rapportent en avoir déjà eues dans le passé. Ces chiffres pourraient cependant être sous-estimés, car les lipodystrophies passent souvent inaperçues et les personnes ne savent pas toujours si elles en ont.

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www.type1better.com

* Sur 1283 participant·e·s

Écrit par :  Sarah Haag, infirmière clinicienne, B.Sc.

Révisé par :

  • Rémi Rabasa-Lhoret, M.D., Ph. D.
  • Anne-Sophie Brazeau, Dt. P., Ph. D.
  • Jacques pelletier, Marie-Christine Payette, Michel Dostie, patients partenaires du projet BETTER .