Si vous vivez avec le diabète de type 1, vous connaissez sans doute ce moment : vous regardez votre glycémie, elle est trop élevée, et un petit pic de panique surgit : « Il faut que ça redescende maintenant ! »
Bienvenue dans le monde du «rage bolus». En termes simples, il s’agit de cette envie irrésistible d’administrer plus d’insuline rapide pour corriger immédiatement une hyperglycémie.
Cela peut se traduire de plusieurs façons :
- vous donnez une dose d’insuline trop importante, sans faire de calcul précis ;
- vous administrez des doses rapprochées, alors que la dose d’insuline précédente est encore en train d’agir.
Cette réaction est naturelle, mais il est important de vous rappeler qu’administrer plus d’insuline ne fait pas descendre la glycémie plus vite.
Dans cet article, nous vous expliquons les risques du «rage bolus» et, surtout, nous vous donnons des pistes concrètes pour mieux les éviter.
Les risques liés au «rage bolus»
Quand vous administrez de l’insuline pour corriger une hyperglycémie sous l’effet de l’impulsion, plusieurs situations peuvent survenir :
- Hypoglycémie : Si vous administrez trop d’insuline ou que vous superposez plusieurs doses, votre glycémie pourrait descendre trop bas. L’hyperglycémie initiale se transforme alors en hypoglycémie, créant un nouveau problème à gérer. Gardez toujours sur vous de quoi faire face en cas d’hypoglycémie (p.ex. des comprimés de glucose) et suivez un plan clair (p.ex. quelle quantité en prendre, après combien de temps revérifier la glycémie).
- Montagnes russes glycémiques : Si une hypoglycémie survient après un excès d’insuline, vous devez consommer des glucides pour la corriger. Mais il est fréquent d’en prendre plus que nécessaire pour remonter rapidement la glycémie, ce qui peut provoquer une nouvelle hyperglycémie. Vous vous retrouvez alors dans un cycle de hauts et de bas qui fatiguent le corps et le mental.
- Stress et frustration : Voir vos glycémies fluctuer sans parvenir à les stabiliser peut entraîner de la culpabilité et de l’anxiété. Cela renforce parfois l’envie de donner encore plus d’insuline, créant un cercle vicieux difficile à briser.
- Impact sur la vie quotidienne : sport, travail, sorties… ce qui est déjà perturbé par l’hyperglycémie peut devenir dangereux si votre glycémie chute puis remonte trop vite à cause d’injections impulsives.
Ces risques montrent qu’il ne s’agit pas de corriger le plus vite possible, mais de corriger avec méthode et réflexion. Certaines stratégies peuvent aider à limiter les corrections impulsives au quotidien.
Comment éviter le «rage bolus»
Bonne nouvelle ! Si ces réactions paraissent parfois difficiles à éviter, il existe des stratégies pour rester calme et maître de vos décisions:
- Prenez un moment avant d’agir. Respirez et observez votre glycémie et les flèches de tendance (si vous utilisez un lecteur de la glycémie en continu). Vérifiez si une dose d’insuline rapide à déjà été administrée récemment. Ce temps de recul peut vous aider à décider plus calmement.
- Tenez compte de l’insuline encore active. La plupart des insulines rapides agissent pendant environ 4 heures. Tenir compte de cette «insuline active» réduit le risque de surdose.
- Appuyez-vous sur votre facteur de correction. Ce dernier, déterminé avec votre équipe de soins, vous indique de combien une unité d’insuline fait baisser votre glycémie. L’utiliser plutôt qu’agir au hasard aide à doser plus justement et à éviter le cercle vicieux des injections répétées.
- Tentez de vous détendre. Marchez, lisez, écoutez de la musique… Le stress lui-même peut faire monter votre glycémie, donc prendre soin de votre santé mentale est aussi un geste concret pour mieux la stabiliser.
- Partagez votre frustration. Parler de vos émotions avec une personne de confiance peut vous aider à ne pas agir sur un coup de tête.
Rompre le cycle à long terme
Certaines stratégies peuvent également vous aider à réduire ces épisodes sur le long terme :
- Cherchez les causes. Notez vos doses d’insuline, vos repas, vos activités et vos niveaux de stress. Ce suivi vous aide à comprendre pourquoi certaines hyperglycémies surviennent et à identifier les situations où vous êtes plus vulnérable à une correction impulsive.
- Acceptez l’imperfection. Tous les jours ne seront pas parfaits et certaines glycémies seront hors cible. L’important est d’éviter le cycle rage bolus → hypoglycémie → surcompensation, et de privilégier des ajustements réfléchis plutôt que des réactions impulsives.
- Ajustez à la source. Si vos hyperglycémies surviennent souvent au même moment (p.ex. après le dîner), il peut être plus efficace de revoir la dose d’insuline liée à cette période (p.ex. celle donnée au dîner). Cela permet de traiter la cause plutôt que seulement le symptôme. (Et pour aller plus loin, la plateforme Support propose un cours pratique pour apprendre à ajuster vos doses d’insuline en toute sécurité.)
- Discutez avec votre équipe de soins : Ensemble, vous pourrez ajuster vos doses d’insuline et mettre en place des stratégies pour sortir du cycle infernal des montagnes russes glycémiques.
Pour aller plus loin
Pour vous accompagner au quotidien dans la gestion du diabète de type 1, la plateforme Support met à votre disposition des ressources fiables, des réponses à vos questions, ainsi qu’un espace d’échange avec d’autres personnes vivant avec le diabète de type 1. Tout adulte vivant avec le diabète de type 1 au Canada ainsi que les professionnels de la santé peuvent créer gratuitement un compte et profiter pleinement de cet outil.
De plus, et parce que chaque expérience est précieuse, le registre BETTER recueille les témoignages de personnes vivant avec le diabète de type 1 au Canada. Que ce soit pour vous ou pour votre enfant, vous êtes invité·e à partager votre vécu afin de contribuer à la recherche. En vous inscrivant, vous aurez également accès à des webinaires en ligne pour approfondir vos connaissances sur différents aspects du diabète de type 1.
Écrit par : Sarah Haag, infirmière clinicienne, B.Sc.
Révisé par :
- Rémi Rabasa-Lhoret, M.D., Ph. D.
- Anne-Sophie Brazeau, Dt. P., Ph. D.
- Amélie Roy-Fleming, Dt. P., EAD, M.Sc.
- Jacques pelletier, Claude Laforest, Michel Dostie, patients partenaires du projet BETTER



