Sous peu, plusieurs familles vont souligner la fête de Pâques en faisant une chasse aux œufs et en mangeant du chocolat. Cette célébration peut toutefois devenir un casse-tête lorsque votre enfant vit avec le diabète de type 1 (DT1).
Devez-vous l’empêcher de consommer du chocolat? Bien sûr que non! Interdire un aliment ne fait qu’attiser l’attrait pour celui-ci, surtout pour un jeune. Votre enfant peut tout à fait participer aux célébrations en consommant du chocolat avec modération et en ajustant son insuline en conséquence.
Tous les chocolats ne s’équivalent pas
Oui, le chocolat est riche en gras et en sucre, mais il contient aussi des nutriments intéressants pour la santé, selon sa teneur en cacao.
Le cacao est en effet une source de plusieurs nutriments intéressants comme les flavonoïdes, des molécules antioxydantes qui permettent notamment de combattre le vieillissement des cellules ou de renforcer le système immunitaire. On trouve aussi dans le cacao des minéraux comme le magnésium, le phosphore et le fer. Par exemple, le phosphore joue un rôle essentiel dans la formation et le maintien de la santé des os et des dents.
Le chocolat noir (concentration de 60 % de cacao et plus) est celui qui contient le plus de cacao. Il renferme aussi un peu de fibres et moins de sucre que les autres types de chocolat. C’est un choix à privilégier.
Le chocolat au lait contient du beurre de cacao, du sucre, du lait en poudre, de la lécithine (additif nutritionnel utilisé comme émulsifiant et liant) et moins de 25 % de cacao.
Enfin, le chocolat blanc contient également du beurre de cacao, du lait et du sucre, mais pas de matière sèche de cacao.
Comment calculer le nombre de glucides des chocolats de Pâques?
La première chose à faire est évidemment de consulter la valeur nutritive sur les étiquettes nutritionnelles pour connaître la teneur en glucides. Toutefois, plusieurs chocolats de Pâques achetés dans les chocolateries ou les boulangeries n’ont pas d’étiquette nutritionnelle. Il est alors recommandé d’utiliser le facteur glucidique de chaque type de chocolat et de le multiplier par le poids de la portion qui sera consommée. Par exemple, si l’écureuil en chocolat de votre enfant est fait de chocolat au lait et que vous lui en donnez 100 g comme dessert, vous devez compter 57 g de glucides (100 x 0,57). Si vous lui donnez plutôt 120 g, vous devez alors compter 68 g de glucides (120 x 0,57).
* Les fibres ont été soustraites des glucides.
**Les chocolats à haute teneur en cacao (85 % et plus) contiennent encore moins de glucides. Par exemple, une barre de 100 g de chocolat noir à 85 % de cacao peut contenir environ 23 g de glucides (fibres soustraites), alors qu’une même barre à 95 % de cacao peut en contenir de 10 à 15, selon les marques. C’est un bon choix à utiliser dans les recettes de pâtisseries, par exemple.
Privilégier les chocolats sans sucre?
Il faut savoir que ces chocolats doivent leur goût sucré aux substituts de sucre qu’ils renferment, soit, le plus souvent, des polyalcools, appelés aussi polyols (p. ex. sorbitol). Puisque ce type de substitut du sucre est partiellement absorbé par l’organisme, il peut contribuer à faire augmenter la glycémie chez certaines personnes. Des recommandations indiquent de les soustraire en entier du nombre de glucides affiché sur l’étiquette, tandis que d’autres préconisent d’en soustraire la moitié. À vous de voir l’effet que les polyalcools ont sur la glycémie de votre enfant pour ajuster votre calcul.
Dans tous les cas, rappelez-vous que la consommation de polyalcools peut parfois entraîner des malaises gastro-intestinaux (crampes, ballonnements) et avoir des effets laxatifs.
Selon les recommandations de Diabète Canada, vous pouvez consommer, de façon sécuritaire, 10 g ou moins de polyalcools par jour, ce qui correspond à une petite quantité de chocolat. En effet, gardez en tête qu’une barre de chocolat sans sucre ajouté de 100 g peut contenir 40 g de polyalcools, soit quatre fois plus que les recommandations!
L’impact de la caféine et du gras
Si votre enfant vous paraît un peu excité après avoir mangé du chocolat, ce n’est pas à cause du sucre, mais de la caféine présente dans le cacao. Il y en a donc dans le chocolat noir, particulièrement, mais aussi dans le chocolat au lait. Par exemple, une tablette de chocolat noir de 100g contient juste un peu moins de caféine qu’une tasse de café, et plus qu’une canette de Coke diète. Il est donc préférable pour votre enfant de ne pas consommer beaucoup de chocolat juste avant d’aller dormir. Les jeunes enfants sont plus sensibles aux effets de la caféine que les adultes, mais chacun y réagit différemment. La caféine peut aussi faire varier la glycémie.
Le chocolat renferme également du gras. Si votre enfant mange son gros lapin en chocolat au complet, qui plus est après un repas riche en gras, sa glycémie risque d’augmenter de 3 à 6 heures après la consommation, une fois l’action de son insuline de repas passée. Attendez-vous à devoir peut-être gérer une hyperglycémie!
Quelques stratégies pour passer de Joyeuses Pâques
Pour la plupart des enfants, Pâques rime avec chocolat. Alors voici quelques petits trucs pour déguster et apprécier :
- Privilégiez la qualité à la quantité : offrez de plus petits chocolats, de meilleure qualité (p. ex. achetés dans une chocolaterie), plutôt que de gros chocolats bon marché (p. ex. chocolats provenant de magasins grandes surfaces).
- Évitez de donner du chocolat à votre enfant en fin de soirée pour ne pas nuire à son sommeil (à cause de la caféine).
- Suggérez à la famille élargie de ne pas offrir que du chocolat comme cadeau à votre enfant vivant avec le DT1. Il existe plein de petites surprises non alimentaires aux couleurs de Pâques. De même, la chasse aux œufs peut être transformée en chasse aux surprises.
- Apprenez à votre enfant à manger avec modération et à déguster son chocolat.
- Offrez le chocolat à votre enfant en guise de dessert. L’intégrer au repas, plutôt qu’à la collation, facilitera la gestion de la glycémie.
Au-delà du chocolat, la fête de Pâques, c’est aussi un moment pour être en famille et célébrer l’arrivée du printemps. Amusez-vous, allez jouer dehors, et acceptez que la glycémie de votre enfant soit probablement un peu hors des cibles durant cette période. Et, en passant, toutes les recommandations de ce blogue s’appliquent également aux adultes friands de chocolat qui vivent avec le DT1!
Quelques outils pour vous aider avec les glucides :
- BETTER, Fiche sur les facteurs glucidiques de quelques aliments.
- Santé Canada, Valeurs nutritives de quelques aliments usuels.
- Santé Canada. Polyalcools (polyols) et polydextrose utilisés dans les aliments.
- Diabète Québec. Le calcul des glucides.
- Diabète Québec. Les substituts du sucre.
Références :
- Diabète Québec (mise à jour en 2018). Célébrer Pâques avec le diabète. Page consultée le 11 mars 2024. https://www.diabete.qc.ca/le-diabete/la-vie-avec-le-diabete/evenements-fetes-et-celebrations/celebrer-paques-avec-le-diabete/
- Naître et Grandir. Le chocolat : les réponses à vos questions. Page consultée le 14 mars 2024.
- Fédération Française des Diabétiques. Choisir un chocolat de qualité. Page consultée le 15 mars 2024.
- Novo Nordisk. Changing diabetes. Pour en savoir plus sur le chocolat. Page consultée le 13 mars 2024. https://www.diabete.fr/wp-content/uploads/2017/12/MENU_CHOCOLAT.pdf
Écrit par : Nathalie Kinnard, rédactrice scientifique et assistante de recherche
Révisé par :
- Rémi Rabasa-Lhoret, M.D., Ph. D.
- Amélie Roy-Fleming, Dt. P., ÉAD, M. Sc.
- Catherine Leroux, Dt. P., M. Sc.
- Andréanne Fortin, Dt. P., EAD
- Claude Laforest, Jacques Pelletier, Marie-Christine Payette, Michel Dostie, Domitille Dervaux, patients partenaires du projet BETTER.
Révision linguistique par : Marie-Christine Payette