En février 2025, Diabète Canada a mis à jour ses recommandations de pratique clinique pour la gestion du diabète de type 1 (DT1). Ces recommandations visent la prestation de soins de haute qualité et fondés sur des données probantes pour les personnes vivant avec le DT1. Ainsi, la dernière mise à jour tient compte des avancées récentes telles que les nouveaux types d’insuline, les thérapies d’appoint (c.-à-d., des thérapies visant d’autres formes de diabète, mais qui peuvent également aider à gérer le DT1), les systèmes d’administration automatisée de l’insuline (p. ex., les systèmes hybrides à boucle fermée ou pancréas artificiels, qui associent une pompe à insuline à un système de surveillance de la glycémie en continu [SGC]), la gestion de l’hypoglycémie (taux de sucre dans le sang bas) chez les enfants et la gestion de l’acidocétose chez les enfants et les adultes. En voici les grandes lignes :
Nota : Les mises à jour visent les enfants et les adultes, et excluent explicitement les recommandations visant la grossesse, dont la mise à jour détaillée est en cours de préparation.
De nouveaux types d’insuline pour améliorer la gestion de la glycémie
De nouveaux types d’insuline arrivés sur le marché dans les dernières années sont maintenant inclus dans les recommandations. Les auteurs précisent notamment que le délai d’action de l’insuline ultrarapide (p. ex., Fiasp) peut être bénéfique pour certaines personnes, mais que ce type d’insuline n’est pas forcément supérieur aux insulines rapides. Quel que soit le type d’insuline ou la méthode d’administration, les bolus prandiaux doivent, dans la mesure du possible, être administrés de 10 à 20 minutes avant le repas, plutôt qu’immédiatement avant.
Quant aux insulines basales, les nouvelles options à très longue durée d’action (de 30 à 42 heures) telles que Toujeo et Tresiba peuvent réduire les fluctuations de la glycémie et être particulièrement utiles pour les personnes qui vivent des épisodes d’hypoglycémie nocturne sévère, même par rapport aux insulines lentes traditionnelles. Il a également été démontré que par rapport aux insulines à très longue durée d’action à dose quotidienne, Awiqli, la nouvelle insuline basale à dose hebdomadaire, pouvait augmenter légèrement le nombre d’épisodes d’hypoglycémie et diminuer la satisfaction face au traitement. Il ne s’agit donc pas d’une option à privilégier pour la plupart des personnes vivant avec le DT1.
Comme il n’existe pas d’option qui convienne à tous, il est important de personnaliser son traitement avec l’aide d’un professionnel de la santé. Bien que les coûts et les régimes d’assurances puissent être prohibitifs, heureusement, il existe différentes options pour les insulines rapides et lentes.
Avancées dans la technologie d’administration de l’insuline
Au vu de résultats d’études récentes, les systèmes d’administration automatisée de l’insuline (aussi appelés pancréas artificiels) sont désormais recommandés pour toutes les personnes vivant avec le DT1 qui souhaitent et peuvent les utiliser (p. ex., par rapport au coût, à la couverture d’assurances et à la capacité de gérer ces dispositifs). Il a été démontré que ces systèmes permettent d’améliorer le temps passé dans la cible glycémique, de réduire les épisodes d’hypoglycémie et d’améliorer la qualité de vie. Bien que les régimes d’assurances varient d’une province à l’autre, les recommandations plaident en faveur de l’accès à grande échelle à ces technologies en raison de leurs bienfaits avérés. Nous espérons que les données du registre BETTER contribueront à améliorer l’accès à cette option de traitement pour les patients qui le souhaitent.
Outre les systèmes d’administration automatisée de l’insuline, il existe un nombre croissant d’applications pour téléphones intelligents qui peuvent aider la prise de décisions et le calcul des doses d’insuline. Il faut cependant savoir que la validation de ces applications n’est pas toujours aussi rigoureuse que celle pour les médicaments et les dispositifs.
Nouvelles options thérapeutiques : les médicaments d’appoint (non insuliniques)
Les nouvelles recommandations abordent également les avantages potentiels de certains médicaments (traitement d’appoint) dans la gestion du DT1 chez certaines personnes, nommément la metformine, les agonistes du récepteur du GLP-1 (p. ex., Victoza, Ozempic) et les i-SGLT2 (p. ex., Invokana). Il a été démontré que ces médicaments contribuent à réduire le taux d’HbA1C, le poids corporel et la dose quotidienne d’insuline. Dans certains cas, ces thérapies ont également montré des bienfaits sur la santé cardiaque et rénale. Comme ces médicaments peuvent causer des effets secondaires non négligeables, il est important d’en peser le pour et le contre avec l’aide de votre médecin.
Selon les données du registre BETTER, environ 14 % des participants utilisent au moins un traitement d’appoint. Comme ces traitements sont surtout utilisés en contexte de diabète de type 2, le port d’un bracelet d’identification médical (utilisé par 41,6 % des patients, selon une récente étude BETTER) est maintenant recommandé pour éviter que les premiers répondants n’interrompent l’administration d’insuline, pensant qu’ils ont affaire à un diabète de type 2.
Traitement de l’hypoglycémie par les glucides chez l’enfant
Les recommandations pour le traitement de l’hypoglycémie chez les enfants et les adolescents ont également été mises à jour à la lumière des nouvelles méthodes d’administration de l’insuline et du glucagon. En cas d’hypoglycémie légère ou modérée où l’état mental de l’enfant est maintenu, la quantité recommandée de glucides à action rapide varie selon l’âge et le mode d’administration de l’insuline.
Si vous prenez des injections d’insuline (3 injections par jour, basale ou bolus)
● Moins de 5 ans : 5 g de glucides
● 5 à 10 ans : 10 g de glucides
● Plus de 10 ans : 15 g de glucides
Si vous utilisez un système d’administration automatisée de l’insuline
● 0 à 10 ans : 5 g de glucides
● Plus de 10 ans : de 5 à 10 g de glucides
En cas d’hypoglycémie sévère entraînant une perte de conscience, il est recommandé de donner 20 g de glucides à l’enfant s’il peut les avaler. Sinon, il faut administrer du glucagon injectable ou intranasal (à partir de 4 ans).
Gestion de l’acidocétose diabétique à l’hôpital
Les recommandations abordent également la gestion de l’acidocétose diabétique à l’hôpital. L’administration de fluides intraveineux pour l’acidocétose chez les enfants était ralentie afin d’éviter l’œdème cérébral, mais des données récentes montrent que l’administration rapide est tout aussi sûre. Les professionnels de la santé peuvent consulter la ressource suivante sur la gestion de l’acidocétose diabétique. De plus, l’administration par voie sous-cutanée (c.-à-d., au moyen d’une aiguille), plutôt que par voie intraveineuse (i.v.), est désormais considérée comme sûre pour traiter l’acidocétose non sévère. Il a été démontré que les injections sous-cutanées permettent de raccourcir les séjours à l’hôpital et de réduire la quantité totale d’insuline nécessaire pour traiter l’acidocétose diabétique chez les adultes et les enfants.
Ces nouvelles recommandations sont le fruit d’un effort continu pour améliorer la gestion du DT1 au Canada en mettant à profit les dernières avancées en matière de médication, de technologie et de traitements. Elles mettent en lumière la nécessité d’une approche personnalisée et multidisciplinaire adaptée à chaque individu. N’hésitez pas à discuter des différentes options et recommandations qui vous conviennent avec votre équipe de soins de santé.
Vous pouvez consulter l’ensemble des recommandations mises à jour ici (en anglais seulement)
Vous pouvez consulter l’intégralité des lignes directrices de 2018 dont la mise à jour est en cours ici : Type 1 Diabetes in Children and Adolescents – Diabetes Canada (en anglais seulement)
Glycemic Management in Adults With Type 1 Diabetes – Diabetes Canada (en anglais seulement)
Écrit par : Cassandra Locatelli, B. Sc.
Révisé par :
- Rémi Rabasa-Lhoret, M.D., Ph. D.
- Anne-Sophie Brazeau, Dt. P., Ph. D.
- Amélie Roy-Fleming, Dt.P., ÉAD, M.Sc.
- Darrin Davis, Ayush Chadha, Pamela Dawe, patients partenaires du projet BETTER .