Tout comme les hypoglycémies (glycémies en bas de 4,0 mmol/L), les hyperglycémies (glycémies en haut de 10 mmol/L) font partie des défis auxquels font face les personnes qui vivent avec le diabète de type 1 (DT1). Différentes approches peuvent être envisagées pour faire baisser une glycémie trop haute (p. ex. boire de l’eau, bouger et/ou attendre un peu que la glycémie revienne dans la cible). Lorsque ces approches ne suffisent pas, le recours à l’insuline peut être nécessaire.
Que vous utilisiez des injections ou une pompe pour administrer votre insuline, la meilleure façon pour déterminer avec précision la dose d’insuline à donner pour corriger une hyperglycémie est d’utiliser un facteur de sensibilité à l’insuline aussi appelé facteur de correction.
Démystifions ensemble ce facteur de correction.
Le facteur de correction dépend de l’impact de l’insuline sur votre glycémie
Le facteur de correction est défini selon votre sensibilité à l’insuline, c’est-à-dire la façon dont votre glycémie réagit à une unité d’insuline. C’est pour cela qu’il est aussi appelé facteur de sensibilité.
Par exemple, si vous avez un facteur de correction de 5, cela veut dire que chaque unité d’insuline à action rapide administrée fait, en moyenne, baisser votre glycémie de 5 mmol/L. Si votre facteur de correction est de 2, chaque unité d’insuline fera baisser, en moyenne, votre glycémie de 2 mmol/L.
Ainsi, plus le facteur de correction est élevé, plus l’organisme est « sensible » à l’insuline. Il aura donc besoin de moins d’insuline pour corriger une glycémie élevée.
À l’inverse, plus le facteur de correction est faible, moins l’organisme réagit à l’insuline. Une plus grande dose d’insuline sera donc nécessaire pour une glycémie élevée.
Le facteur de correction permet généralement de limiter les fluctuations glycémiques comme une hypoglycémie qui suit une correction d’hyperglycémie trop forte.
Le facteur de correction est déterminé à partir de la quantité totale d’insuline administrée chaque jour
C’est généralement votre équipe de soins qui détermine votre premier facteur de correction. Vous pourrez ensuite apprendre à l’ajuster par vous-même.
Dans la plupart des pompes à insuline, ce facteur est programmé au démarrage et est modifiable en tout temps. Il peut être différent selon les heures de la journée et de la nuit.
Dans certains systèmes de boucle fermée hybride, aussi appelés pancréas artificiels, il n’est pas possible de programmer ou de modifier ce paramètre qui est évalué et ajusté automatiquement par l’algorithme de la pompe. Informez-vous auprès de votre équipe de soins pour savoir si votre pompe permet cette modification ou non.
Pour déterminer votre facteur de correction, votre équipe de soins va prendre en compte la quantité d’insuline totale que vous vous donnez quotidiennement, en moyenne, en additionnant l’insuline rapide couvrant les repas et collations, l’insuline rapide donnée pour corriger la glycémie et l’insuline lente (pour les personnes aux injections) ou encore le débit basal (pour les personnes qui utilisent une pompe). Elle utilisera ensuite le calcul suivant :
Exemple :
Si votre dose totale d’insuline quotidienne est de 31 unités, votre facteur de sensibilité sera de 3,22 mmol/L (100/31 = 3,22).
On arrondit généralement à la valeur supérieure. Dans cet exemple, on arrondira donc à 3,5 afin que ce soit plus sécuritaire. En effet, plus le facteur de correction est élevé, moins la quantité d’insuline calculée pour corriger une hyperglycémie sera élevée.
Le facteur de correction permet de calculer un bolus de correction
Lorsque vous connaissez votre facteur de correction, vous pouvez l’utiliser pour déterminer la dose d’insuline nécessaire pour corriger une glycémie trop haute, aussi appelée bolus de correction.
Par exemple, supposons que votre glycémie est à 19 mmol/L et que vous souhaitez la faire descendre à 7 mmol/L. Si votre facteur de correction est de 4 (c’est-à-dire que 1 unité d’insuline fait en moyenne baisser votre glycémie de 4 mmol/L), vous pourrez calculer la dose d’insuline à vous donner pour corriger votre glycémie de cette façon :
- 19 mmol/L – 7 mmol/L = 12 (écart entre votre glycémie actuelle et la cible recherchée)
- 12 ÷ 4 (votre facteur de correction) = 3 unités d’insuline requises pour corriger votre glycémie (bolus de correction)
Si vous utilisez des injections, il est généralement recommandé d’attendre le repas pour administrer un bolus de correction. Il faudra donc le calculer et ajouter cette dose (dans l’exemple ci-dessus, 3 unités) à l’insuline nécessaire pour couvrir les glucides ingérés. En effet, l’insuline rapide agit en moyenne pendant 4 heures. De fait, si vous vous donnez de l’insuline pour corriger une hyperglycémie entre deux repas, celle-ci va s’ajouter à l’insuline rapide du repas précédent qui n’a pas fini d’agir, ce qui pourrait ainsi augmenter le risque d’hypoglycémie. Il est donc préférable d’attendre 3-4 heures après une injection d’insuline avant de se donner un bolus de correction.
Si vous utilisez une pompe à insuline, il est plus facile et sécuritaire de corriger une glycémie haute. Cette technologie permet en effet de calculer le bolus de correction tout en soustrayant automatiquement la part de l’insuline qui n’a pas fini d’agir provenant de la dernière administration (insuline active). Il est également possible de programmer un facteur de correction différent selon le moment de la journée (p. ex. facteur plus élevé, donc plus prudent, durant la nuit). Si votre pompe ne reçoit pas automatiquement votre glycémie, vous devrez vous assurer de l’entrer manuellement dans la pompe pour que le calcul se fasse. Les plus récents systèmes de boucle fermée hybride calculent et administrent automatiquement l’insuline pour corriger la glycémie sans que l’utilisateur ait à faire quoi que ce soit.
Le facteur de correction doit être ajusté selon les personnes et les situations
Le facteur de correction est différent pour chaque personne et peut varier dans le temps et même au cours d’une journée (p. ex. vous pouvez être plus sensible à l’insuline durant la nuit).
En effet, votre sensibilité à l’insuline peut varier en fonction de différents facteurs, tels que :
- Les variations de poids,
- Les moments de stress,
- Les changements hormonaux (menstruations, adolescence, grossesse, phénomène de l’aube),
- Les journées de maladie,
- Les heures qui suivent une hypoglycémie importante,
- La pratique d’une activité physique,
- La prise de médicaments (p. ex. la cortisone),
- Le niveau de consommation d’alcool.
Certains de ces facteurs vont impliquer de diminuer le facteur de correction (pour recevoir plus d’insuline) afin de faire baisser la glycémie (p. ex. prise de poids, stress, maladie, grossesse, cortisone), alors que d’autres vont requérir au contraire d’augmenter le facteur de correction (pour recevoir moins d’insuline) pour éviter les hypoglycémies (p. ex. activité physique).
Il est important de faire vérifier ou de vérifier vous-même l’impact de votre facteur de correction. Par exemple, si vous faites régulièrement des hypoglycémies ou que l’hyperglycémie persiste après avoir corrigé une glycémie élevée, il est possible que votre facteur ait besoin d’être ajusté. Si le bolus de correction est adéquat, votre glycémie devrait revenir dans les cibles après 4 heures. Si ce n’est pas le cas, il est possible que le bolus donné ait été trop important ou insuffisant.
Rappelez-vous que plus vous augmentez votre facteur de correction, plus la dose d’insuline rapide requise pour corriger la glycémie est petite. Vous devez donc augmenter votre facteur de correction si des hypoglycémies surviennent fréquemment après vos bolus de correction.
À l’inverse, plus votre facteur de correction est petit, plus la dose d’insuline rapide calculée pour corriger la glycémie est importante. Vous devez donc diminuer votre facteur de correction si votre glycémie reste élevée 4 heures après une correction.
Informez-vous auprès de votre équipe de soins et référez-vous à notre fiche Méthode d’ajustement du bolus de correction.
Vous voulez en savoir plus sur le facteur de correction ou la façon de calculer la quantité d’insuline pour couvrir un repas? La plateforme de formation Support sur le DT1 offre une foule de renseignements pour vous aider à mieux vivre avec cette condition.
Références :
Hôpital pour enfants. Ratio et correction. https://www.hopitalpourenfants.com/sites/default/files/PDFs/Diabetes/ratio_et_correction.pdf
Diabète Québec. (2007) Le calcul des glucides. https://www.diabete.qc.ca/wp-content/uploads/2023/01/Calcul-glucides-nun-10g-4.pdf
Plateforme Support.
Écrit par : Nathalie Kinnard, rédactrice scientifique et assistante de recherche
Révisé par :
- Sarah Haag, R.N., B. Sc.
- Rémi Rabasa-Lhoret, M.D., Ph. D.
- Anne-Sophie Brazeau, Dt. P., Ph. D.
- Amélie Roy-Fleming, Dt. P., M. Sc.
- Michel Dostie, Claude Laforest, Marie-Christine Payette, Jacques Pelletier, patients partenaires du projet BETTER
Révision linguistique réalisée par : Marie-Christine Payette