La digestion est un acte habilement coordonné par le corps humain. Quand nous mangeons, le passage des aliments d’une section à l’autre de l’appareil digestif s’effectue avec précision de sorte que les aliments demeurent dans chaque section, juste le temps qu’il faut. Dans le cas de l’estomac, c’est environ deux heures.

Parfois, la digestion peut être altérée. C’est le cas lorsque les nerfs qui contrôlent les muscles de l’estomac sont endommagés ou ne fonctionnent pas correctement et que la vidange de l’estomac est ralentie. On parle alors de gastroparésie.

Gastroparésie et diabète

Si dans plus d’un tiers des cas cette condition survient sans raison, la gastroparésie peut être une complication du diabète. En effet, on l’observe plus fréquemment chez les personnes qui vivent depuis longtemps avec le diabète et qui présentent certaines autres complications (p. ex., atteinte aux nerfs, aux reins, aux yeux) que dans la population sans diabète.

Comme les symptômes de la gastroparésie peuvent être associés à d’autres conditions, le nombre de personnes atteintes est probablement sous-estimé. On sait cependant que les personnes qui vivent avec le diabète de type 1 (DT1) sont plus à risque de développer cette complication que celles vivant avec le diabète de type 2 (DT2). On estime que la gastroparésie touche 5% des personnes vivant avec le DT1. Les femmes sont jusqu’à quatre fois plus susceptibles de développer ce trouble que les hommes.

L’impact sur la glycémie

Chez les personnes vivant avec le DT1, la gastroparésie peut rendre la gestion des glycémies plus difficile. En effet, puisque la digestion est ralentie au niveau de l’estomac, l’arrivée du glucose (sucre) dans le sang peut être retardée, imprévisible, et ne plus correspondre à l’action de l’insuline.

Si l’insuline est prise avant le repas – comme recommandé – il est possible qu’elle agisse avant l’arrivée retardée du glucose dans le sang. Une hypoglycémie pourrait alors survenir.

Avec le ralentissement de la digestion, le glucose peut arriver dans le sang après que l’insuline ait terminé son action et ainsi provoquer une hyperglycémie.

Un ajustement des doses et du moment d’administration de l’insuline peut donc être requis pour limiter ces risques.

Identifier la gastroparésie

Le type, la fréquence et l’intensité des symptômes de la gastroparésie peuvent varier d’une personne à l’autre. C’est pourquoi il peut être difficile de poser le diagnostic.

Les symptômes les plus fréquemment rencontrés sont :

  • Nausées et vomissements
  • Sentiment d’être rapidement rassasié
  • Ballonnements
  • Douleur abdominale
  • Grande fluctuation des glycémies
  • Perte de poids

En cas de symptômes de gastroparésie, le médecin peut demander des analyses sanguines complémentaires, et effectuer certains tests pour confirmer le diagnostic.

Le traitement

La gestion de la gastroparésie peut aller de simples changements dans les habitudes alimentaires à la prise de médicaments et enfin, dans les cas les plus graves, nécessiter une intervention chirurgicale.

En cas de forme légère, il est en effet parfois possible d’atténuer les symptômes en apportant quelques changements aux habitudes alimentaires (p. ex., consommer de plus petits repas plus fréquemment, favoriser des aliments plus mous ou liquides, limiter le gras ou les fibres).

S’il n’existe pas de traitement curatif pour la gastroparésie, certains médicaments peuvent tout de même aider à diminuer les symptômes. C’est le cas des médicaments qui permettent d’augmenter la motricité digestive, amenant ainsi l’estomac à se vider plus rapidement ou encore des médicaments qui réduisent les nausées et les vomissements.

Lorsque les symptômes ne sont pas maîtrisés malgré les changements des habitudes alimentaires ou les médicaments, la nécessité d’une intervention chirurgicale doit être évaluée avec le médecin.

En ajoutant une « couche » de plus à la complexité de la gestion des glycémies en lien avec le diabète, la gastroparésie peut diminuer la qualité de vie et augmenter l’anxiété chez les personnes qui en sont atteintes.

Des recherches ont cependant montré que certaines technologies telles que les pompes à insuline ou les lecteurs de la glycémie en continu peuvent aider à faciliter la gestion des glycémies et augmenter la qualité de vie.

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Références : 

  • Grazia A. et al. Reported gastroparesis in adults with type 1 diabetes (T1D) from the T1D Exchange clinic registry, Journal of Diabetes and its Complications, Volume 31, Issue 12,2017
  • American Diabetes Association Professional Practice Committee; 12. Retinopathy, Neuropathy, and Foot Care: Standards of Care in Diabetes—2025. Diabetes Care 1 January 2025; 48 (Supplement_1): S252–S265.
  • Choung RS, Locke GR III, Schleck CD et al. Risk of gastroparesis in subjects with type 1 and 2 diabetes in the general population. Am J Gastroenterol 2012;107:82–88.
  • Krishnasamy, Sathya, and Thomas L Abell. “Diabetic Gastroparesis: Principles and Current Trends in Management.” Diabetes therapy : research, treatment and education of diabetes and related disorders vol. 9,Suppl 1 (2018): 1-42. doi:10.1007/s13300-018-0454-9

Écrit par: Sarah Haag RN. B. Sc.

Révisé par:

  • Amélie Roy-Fleming Dt.P., EAD, M. Sc.
  • Rémi Rabasa-Lhoret, M.D., Ph. D.
  • Claude Laforest, Jacques Pelletier, Sonia Fontaine, Nathalie Kinnard, Michel Dostie, Marie-Christine Payette, patients partenaires du projet BETTER.

Révision linguistique réalisée par: Marie-Christine Payette