Le diabète de type 1 (DT1), comme plusieurs maladies chroniques, peut « ouvrir la porte » aux virus et aux bactéries, particulièrement quand les glycémies sont élevées pendant une longue période.
Selon certaines données, en contexte de diabète, l’admission à l’hôpital pour infection est significativement plus probable que dans la population générale. Le risque de complications graves voire de décès reste plus élevé, même si ces cas restent rares.

Puisque les vaccins constituent une arme importante pour mieux combattre les infections, notamment virales, les experts en diabète et la santé publique recommandent de respecter le calendrier de vaccination général de votre province, et d’y ajouter certains vaccins souvent offerts gratuitement aux personnes vivant avec le diabète. Avant de prendre rendez-vous, discutez-en toutefois avec votre équipe de soins : même si les vaccins sont généralement sécuritaires et utilisables en contexte de DT1, certains ne sont pas indiqués en cas d’allergie ou lorsqu’un traitement immunosuppresseur est en cours (p. ex : certains traitements pour cancers, arthrite, greffe d’organe).

Le cercle vicieux entre DT1 et microbes

Lorsque vos glycémies restent souvent supérieures à 10,0 mmol/L, votre système immunitaire peut être affaibli, ce qui vous rend plus vulnérable aux virus et bactéries.
Lorsqu’une infection survient, les glycémies peuvent s’élever encore davantage et devenir plus difficiles à maîtriser (la cible étant souvent entre 4,0 et 10,0 mmol/L). L’infection représente un stress pour le corps qui réagit par une libération accrue de glucose et une diminution de l’efficacité de l’insuline : la combinaison des deux provoque des hyperglycémies et justifie parfois une augmentation des doses d’insuline. Soyez cependant prudent·e si vous avez du mal à manger ou si vous avez des vomissements : le risque d’hypoglycémie pourrait être augmenté.
Ainsi, le déséquilibre glycémique lié à l’infection vous rend encore plus susceptible de contracter d’autres infections. L’hyperglycémie dans ce contexte est d’ailleurs un motif fréquent de consultation et d’hospitalisation.
Pour éviter de tomber dans ce cercle vicieux, il est important de maintenir un bon état de santé général, de limiter votre exposition à la fumée de tabac, d’adopter de bonnes habitudes d’hygiène (notamment se laver régulièrement les mains) et de considérer sérieusement la vaccination.

La vaccination comporte-t-elle des risques?

Les vaccins ne garantissent pas une protection totale contre toutes les maladies, mais de nombreuses études ont établi leur efficacité pour diminuer le risque d’infection grave. Prenons l’exemple du vaccin contre la grippe : il ne protège pas contre toutes les infections respiratoires, mais il réduit de manière significative le risque d’hospitalisation.

Les effets secondaires possibles des vaccins sont en général modestes et temporaires : courbatures, douleur au site d’injection, fatigue. Le risque de complication grave est très faible.
Chez les personnes vivant avec un DT1, les vaccins n’affectent pas l’équilibre du diabète (au-delà d’une éventuelle hyperglycémie modérée et transitoire après l’injection), alors qu’une infection provoque souvent une hyperglycémie importante et prolongée qui augmente les risques de complications.

Au regard de ces données, la vaccination est considérée comme sécuritaire et particulièrement recommandée pour les personnes vivant avec le DT1.

Les vaccins recommandés

Parmi les vaccins disponibles, certains sont spécifiquement recommandés aux personnes vivant avec le DT1. 

L’influenza (grippe)
Pourquoi?
– Infection respiratoire très contagieuse causée par le virus de l’influenza
– Le DT1 est associé à un plus haut risque de développer des complications, comme la bronchite, la sinusite, l’otite et la pneumonie, qui peuvent nécessiter une hospitalisation. 
– Le vaccin réduit notamment le risque d’hospitalisation de 40 % pour les personnes vivant avec le diabète (type 1 et type 2).

Qui?
Personnes âgées de 6 mois et plus vivant avec le DT1, ainsi que leurs proches.

Quand?
Vaccination tous les ans, au début de l’automne.

Coût?
Gratuit partout au Canada.
Les infections à pneumocoque
Pourquoi?
– Bactéries de type pneumocoque se trouvant dans les voies respiratoires qui causent des infections comme la sinusite, l’otite, la pneumonie, la méningite.
– Les personnes vivant avec le diabète (type 1 ou type 2) courent 2,5 fois plus de risques de développer ce genre d’infections, d’être hospitalisées et de garder des séquelles, rares, mais parfois permanentes (p. ex. surdité, dommages au cerveau). 
– Réduction importante du risque d’hospitalisation pour pneumonie chez les personnes vaccinées.

Qui?
Enfants et adultes : le DT1 est inclus dans les critères des personnes à risque d’infections à pneumocoque.

Quand?
Vaccination durant l’enfance, puis à 50 ans et plus en contexte de DT1.

Coût?
Gratuit dans plusieurs provinces : vérifiez auprès de votre médecin.
L’hépatite B
Pourquoi?
– Virus transmissible principalement par le sang, par exemple lors de contact sexuel non protégé ou d’utilisation de matériel mal stérilisé (seringues, aiguilles de tatouage, rasoirs, etc.), qui cause l’infection du foie.
– Risque de contamination 2 fois plus élevé pour les personnes vivant avec le DT1 et âgées de 23 à 59 ans, que la population sans diabète, surtout quand elles partagent leur matériel d’injection ou de surveillance de la glycémie capillaire avec d’autres.

Qui?
– Bébés et bambins (selon le calendrier de vaccination de votre province).
– Adultes non vaccinés durant l’enfance, en particulier ceux qui sont immunosupprimés ou considérés à risque.

Quand?
– Durant l’enfance.
– Âge adulte si considéré à risque.

Coût?
Si vous ne l’avez pas reçu, il pourrait être gratuit si vous répondez aux critères des personnes à risque. Le diabète n’y est pas spécifiquement spécifié, mais peut constituer une justification tout à fait acceptable.
Le Zona
Pourquoi?
– Se développe lorsque le virus varicelle-zona, endormi et caché dans les ganglions du corps, se réveille en raison d’un système immunitaire affaibli par un stress, l’âge, la prise de médicaments ou d’autres problèmes de santé (en particulier de l’hypertension ou des problèmes cardiaques).
– Provoque une éruption cutanée douloureuse le long d’un nerf, principalement sur le thorax, le cou ou les yeux. 
– Plus de 60 % des cas surviennent après l’âge de 45 ans. 
– Le vaccin (Shingrix) serait efficace à plus de 90 % pour une durée minimale de 10 ans.

Qui?
– Vaccination générale pour les personnes de 50 et plus.
– Personnes de 18 ans et plus vivant avec certaines maladies chroniques.

Quand?
À l’âge adulte.

Coût?
Gratuit dans certaines provinces pour les personnes immunodéprimées de 18 ans et plus, ainsi que pour les personnes plus âgées (l’âge varie selon les provinces).
Le tétanos
Pourquoi?
– Bactérie vivant dans le sol et les excréments, qui contamine le corps humain par une plaie. 
– Infection mortelle sans traitement.
– Peut se transmettre d’une personne à l’autre. 
– Les deux principaux facteurs de risque : diabète avec présence de plaies (p. ex. le pied diabétique caractérisé par des fissures et des crevasses) et l’utilisation de drogues injectables.

Qui?
Adolescents et adultes.

Quand?
À l’adolescence et une dose de rappel à partir de 50 ans.

Coût?
Gratuit partout au Canada.
La COVID-19
Pourquoi?
Vivre avec le DT1 n’augmente pas votre risque de contracter la COVID-19. En revanche, vous êtes considéré à haut risque de développer des symptômes plus graves et des complications liées à ce virus (p. ex. pneumonie, détresse respiratoire aiguë) après l’âge de 60 ans ou si vous présentez des problèmes de santé additionnels comme le surpoids ou une insuffisance rénale. 
– Selon des études récentes, les hommes sont sensiblement plus à risque que les femmes.

Qui?
Tout le monde.

Quand?
La vaccination est recommandée tous les six mois si vous n’avez pas contracté la COVID-19 dans cet intervalle.

Coût?
Gratuit partout au Canada. 

Le cas des enfants 

Selon différentes études, les enfants et les adolescents vivant avec le DT1 qui parviennent à maintenir leurs glycémies dans la cible la plupart du temps ne contractent pas plus de maladies et d’infections que ceux qui ne vivent pas avec cette condition. Par contre, une fois malades, leur risque de complications et d’hospitalisation est plus élevé.

La vaccination, en particulier contre le pneumocoque et la grippe, permet de mieux combattre les microbes et donc de prévenir les complications et le déséquilibre des glycémies en cas de maladie. Aucun risque additionnel de déclenchement d’autres maladies auto-immunes n’a été rapporté chez les enfants et les adolescents vivant avec un DT1.

Les autorités en matière de santé publique recommandent donc de vacciner les enfants selon le calendrier de vaccination régulier, en ajoutant le vaccin annuel contre la grippe à partir de l’âge de 6 mois.

Encourager la vaccination auprès de l’entourage

Les membres de votre famille sont une source potentielle de transmission d’agents infectieux. Il est donc recommandé que leur carnet de vaccinations soit à jour, y compris le vaccin antigrippal saisonnier.

En bref, il ne faut pas négliger votre couverture vaccinale ni celle de vos proches. Il est préférable pour vous d’être immunisé contre un virus ou une bactérie grâce à un vaccin, plutôt qu’en contractant une infection. En effet, contrairement aux microbes, un vaccin ne vous fait pas courir le risque de complications liées à une maladie et ne viendra pas déstabiliser vos glycémies. 

Références :

Écrit par :  Nathalie Kinnard, rédactrice scientifique et assistante de recherche

Révisé par :

  • Rémi Rabasa-Lhoret, M.D., Ph. D.
  • Sarah Haag, R.N., B. Sc.
  • Claude Laforest, Eve Poirier, Jacques Pelletier et Michel Dostie, patients partenaires du projet BETTER .

Révision linguistique par : Marie-Christine Payette