Les bienfaits de l’activité physique sur la santé (p. ex., amélioration du sommeil et du bien-être), surtout pour les personnes vivant avec le diabète de type 1 (DT1) (p. ex., sensibilité accrue à l’insuline et risque réduit de complications à long terme), sont déjà bien établis. Cependant, pour ces dernières, la gestion des fluctuations glycémiques (p. ex., prévenir les hypoglycémies et les hyperglycémies) en contexte d’activité physique et d’exercice, qu’il s’agisse de faire les tâches ménagères, de s’entraîner au gym ou d’avoir un travail physiquement exigeant, peut devenir carrément… essoufflante!  

Heureusement, les nouvelles technologies telles que les pancréas artificiels peuvent aider à gérer ces fluctuations. Mais, comme leurs paramètres varient beaucoup d’une personne à l’autre, il n’y a pas de recommandation universelle qui convienne à tous. Pour gérer son taux de glycémie, il faut donc des stratégies personnalisées et ciblées.   

Que sont les pancréas artificiels?

Les pancréas artificiels, aussi appelés systèmes hybrides à boucle fermée, aident les personnes qui vivent avec le DT1 à gérer leur taux de glycémie, notamment en combinant un système de surveillance continue du glucose (SCG), qui affiche la glycémie, un algorithme intelligent, qui détermine la quantité d’insuline nécessaire, et une pompe à insuline, qui administre la dose exacte automatiquement.

En général, les pancréas artificiels contribuent à augmenter le temps dans la cible et à réduire les hypoglycémies avec leurs fonctions automatiques, mais l’intervention de l’utilisateur demeure nécessaire, notamment pour la gestion des repas et de l’activité physique. Ces systèmes ne fonctionnent pas tous de la même manière : ils disposent de différents algorithmes, de différentes interfaces et de différents paramètres. Ainsi, un système qui convient à une personne ne conviendra pas forcément à une autre.

Il existe plusieurs lignes directrices sur l’utilisation des pancréas artificiels pour la gestion du DT1, mais peu d’information sur leur utilisation en contexte d’activité physique (p. ex., ajuster les doses d’insuline ou consommer des glucides pour éviter l’hypoglycémie). 

De nouvelles recommandations internationales, selon chaque système 

Cette année, l’European Association for the Study of Diabetes (EASD) et l’International Society for Pediatric and Adolescent Diabetes (ISPAD) ont publié un énoncé de position sur l’utilisation des systèmes de pancréas artificiels dans le cadre de l’activité physique et de l’exercice avec le DT1. Les auteurs y donnent des conseils pratiques à l’intention des personnes de tous les âges vivant avec le DT1 pour gérer la glycémie pendant l’exercice à l’aide des différents systèmes de pancréas artificiels, ainsi que des ajustements propres à chaque système disponible sur le marché. Des membres de l’équipe BETTER figurent parmi les auteurs de ces conseils pratiques.

Voici quelques-unes des recommandations sur la gestion de la glycémie dans le cadre de l’activité physique chez les personnes vivant avec le DT1.  

Avant l’activité physique

Exercices planifiés qui font habituellement descendre la glycémie (p. ex., course, vélo, patinage)
  • Fixer des cibles de glycémie plus élevées

Si vous pensez que votre glycémie va baisser ou rester stable pendant l’activité, fixez une cible glycémique plus élevée d’une à deux heures avant de commencer (selon le système, activez la fonction Activité, le mode Exercice, le mode de débit réduit ou une cible temporaire).

  • Réduire l’insuline prandiale 

Si vous prévoyez de faire de l’exercice dans les deux heures qui suivent un repas et que vous vous attendez à une chute de glycémie, envisagez de réduire de 25 à 33 % la dose d’insuline au moment du repas, et fixez une cible glycémique plus élevée.

Exercices planifiés qui font habituellement monter la glycémie (p. ex., CrossFit, haltérophilie)
  • Ne modifiez pas vos cibles glycémiques

Si vous pensez que votre glycémie va monter pendant l’activité, ne modifiez pas votre cible glycémique (il ne sera peut-être pas nécessaire de fixer une cible plus élevée).

  • Ne modifiez pas la dose d’insuline prandiale 

Si vous prévoyez de faire de l’exercice dans les deux heures qui suivent un repas et que vous vous attendez à une montée de glycémie, administrez votre dose d’insuline habituelle au moment du repas.

Exercices non planifiés
  • Si vous pensez que votre glycémie va baisser ou rester stable :
    • Fixez une cible glycémique plus élevée dès le début de l’activité.
    • Consommez de 10 à 20 grammes de glucides à action rapide si votre glycémie est inférieure à 7,0 mmol/L au début de l’activité.
  • Si vous pensez que votre glycémie va monter, ne modifiez pas votre cible glycémique habituelle.

Pendant l’activité physique

Surveillez votre glycémie et consommez des glucides à action rapide :

  • Gardez un œil sur vos glycémies et tendances affichées par le SGC.
  • N’oubliez pas qu’en contexte d’activité physique, les SGC ont tendance à surestimer la glycémie réelle.
  • Si votre glycémie chute en dessous de 7,0 mmol/L, consommez une petite quantité de glucides (de 3 à 20 grammes) à action rapide en fonction des flèches de tendance de la SGC, sans les entrer dans la pompe :
    • Flèche horizontale : 3-6 g
    • Flèche légèrement descendante : 6-9 g
    • Flèche descendante : 9-12 g
    • Deux ou trois flèches descendantes : 12-20 g
      • Exemples de portions équivalant à 3 g : 1 oz (30 ml) de jus, 1 comprimé de Dex4, 1 petit morceau de sucre
  • Faites attention de ne pas consommer trop de glucides à la fois, car votre glycémie pourrait piquer vers le haut, ce qui entraînerait l’administration d’une dose de correction par le pancréas artificiel et augmenterait ainsi le risque d’hypoglycémie.

Conseils généraux pour gérer la glycémie et l’activité physique

  • Essayez de planifier l’exercice physique dans les moments où vous avez le moins d’insuline active, par exemple avant les repas ou à jeun.
  • Une activité de faible intensité [comme la marche] peut aider à réduire l’hyperglycémie après les repas.
  • Évitez de faire de l’exercice physique si votre glycémie est supérieure à 15,0 mmol/L et si votre taux de cétones est supérieur à 1,5 mmol/L, car cela pourrait augmenter le risque d’acidocétose.

Ces lignes directrices générales constituent un bon point de départ, mais comme chaque algorithme est différent, aucune stratégie ne convient à tous, et il est important de bien connaître le fonctionnement de son propre système.

Pour aller plus loin

Pour en savoir plus sur les différents systèmes de pancréas artificiels et sur les ajustements à apporter en contexte d’activité physique, visitez notre plateforme d’autoformation Support, à la section sur les systèmes hybrides à boucle fermée/pancréas artificiels. Si vous avez 18 ans et plus et que vous vivez avec le DT1, vous pouvez créer un compte gratuitement.

 

Référence:

  • Moser et al., The Use of Automated Insulin Delivery around Physical Activity and Exercise in Type 1 Diabetes: A Position Statement of the European Association for the Study of Diabetes (EASD) and the International Society for Pediatric and Adolescent Diabetes (ISPAD). Horm Res Paediatr 2024; https://doi.org/10.1159/000542287


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Écrit par : Meryem K. Talbo, DtP. , M.Sc., Ph.D

Révisé par :

  • Nathalie Kinnard, rédactrice scientifique et assistante de recherche

  • Catherine Leroux, DtP., MSc. 

  • Amelie Roy-Fleming, DtP., MSc., EAD

  • Dessi Zaharieva, PhD, Certified Exercise Physiologist, Certified Diabetes Care and Education Specialist

  • Rémi Rabasa-Lhoret, MD, PhD

  • Barbara Kelly, patient partner

Révision linguistique par : Barbara Kelly