La pizza fait faire des montagnes russes à votre glycémie alors que votre « smoothie » préféré la fait monter en flèche? Si vous vivez avec le diabète de type 1 (DT1), la gestion de la glycémie en lien avec l’alimentation peut devenir compliquée et décourageante.
Heureusement, il est possible de minimiser les variations de votre taux de glucose dans le sang après un repas. Voici quelques stratégies qui pourraient vous y aider.
Calculez les glucides le plus précisément possible
C’est principalement la quantité de glucides que vous consommez qui fait varier votre glycémie à la suite d’un repas, bien qu’il existe une multitude de facteurs pouvant provoquer une hypoglycémie ou une hyperglycémie. C’est pour cette raison que vous déterminez votre dose d’insuline à action rapide à vous administrer (ou bolus) avant chaque repas et collation à partir du nombre de glucides présents dans votre assiette. Les études montrent qu’un calcul de glucides juste et précis réduit les fluctuations de la glycémie suivant le repas.
Considérez l’impact des protéines et des gras
Votre repas est rarement composé uniquement de glucides. Il contient probablement aussi des protéines et des gras, deux nutriments qui affectent également la glycémie. En effet, les protéines (p. ex., dans la viande, le poisson, les œufs, les produits laitiers, le tofu, les légumineuses) ont un impact direct, bien que faible, sur la glycémie en la faisant monter très lentement, et ce, jusqu’à 4 à 12 h après le repas. Les gras (p. ex., dans la viande, les charcuteries, la friture, le beurre, l’huile et l’avocat) sont, quant à eux, connus pour retarder l’absorption des glucides par l’organisme et, par conséquent, la montée du taux de sucre dans le sang plusieurs heures après le repas. L’ingestion d’une grande quantité de matières grasses lors d’un repas a aussi un impact sur la capacité du corps à utiliser l’insuline (résistance à l’insuline).
Ainsi, si votre repas est riche en gras et/ou en protéines (p. ex., pizza au pepperoni et fromage ou steak avec frites), il est préférable d’en tenir compte dans le calcul de la dose d’insuline à vous administrer. Certaines études suggèrent d’ajouter à votre bolus 25 % de la dose que vous avez calculée pour les glucides, afin de prendre en considération l’impact des protéines et des gras. Par exemple, si la dose calculée pour les glucides du repas est de 10 unités, il faudra ajouter 25 % de 10 unités, soit 2,5 unités, pour un total de 12,5 unités.
Injectez l’insuline au bon moment
Il est le plus souvent recommandé d’administrer votre bolus d’insuline avant de manger afin que son profil d’action corresponde à la montée de la glycémie. Une injection 5 à 15 minutes (selon votre type d’insuline rapide) avant un repas équilibré est associée à une plus faible montée de la glycémie.
Si vous consommez des aliments contenant une faible quantité de fibres et de gras, mais beaucoup de sucres simples (p. ex., rôties de pain blanc avec confiture ou un smoothie), vous pourriez devancer l’administration de votre insuline rapide jusqu’à 45 minutes avant votre repas. Cette stratégie devrait permettre à l’insuline d’être déjà en action au moment où vous commencez à manger, sachant que les sucres simples font monter rapidement la glycémie (ATTENTION : À ne pas faire si votre glycémie est basse avant le repas).
À l’inverse, si vous consommez un repas riche en gras et/ou en protéines (p. ex., pizza au pepperoni et au fromage), vous pourriez considérer fractionner votre dose d’insuline, c’est-à-dire donner une partie de la dose au moment de prendre votre première bouchée et l’autre partie à la fin du repas.
Visez une assiette équilibrée
Un repas équilibré (tel que recommandé par le Guide alimentaire canadien) facilite la gestion de la glycémie, car son effet sur la glycémie suit pratiquement la courbe d’action de l’insuline. L’assiette équilibrée, composée d’une moitié de fruits et légumes, d’un quart d’aliments à grains entiers et d’un quart d’aliments protéinés, est donc à privilégier le plus souvent possible.
Lorsque vous allez au restaurant ou que vous prenez un repas festif, il est tout de même possible de limiter les variations de la glycémie. Par exemple, en accompagnant votre pointe de pizza au pepperoni et fromage d’une salade, votre glycémie risque probablement de moins faire des montagnes russes. Si vous avez envie de biscuits, de bonbons, de gâteau ou de chocolat, consommez-les autant que possible avec un repas plutôt que seuls. Même chose pour les boissons alcoolisées. Comme l’alcool peut faire descendre la glycémie à retardement, les glucides d’un repas ou d’une collation sont votre coussin de sécurité.
Autres stratégies
D’autres petites actions simples peuvent contribuer à diminuer l’impact de vos repas sur votre glycémie :
- Optez pour des fruits frais plutôt que séchés, en compote ou en jus. Ils ralentissent davantage la hausse de la glycémie.
- Favorisez les produits céréaliers à grains entiers. Ils sont moins raffinés et donc plus riches en fibres. Par exemple : pain intégral ou de grains entiers, riz brun, etc.
- Si vous consommez des pâtes, faites-les cuire al dente de préférence. Plus les pâtes sont cuites longtemps, plus elles ont un impact rapide sur votre glycémie.
- Faites de l’eau votre boisson privilégiée.
- Allez marcher un peu après le repas.
- Si le cœur vous en dit et que le repas le permet, jouez avec l’ordre dans lequel vous mangez les aliments de votre assiette. Tentez de commencer par les protéines et/ou les fibres et terminez par les glucides, surtout si vous n’avez pas injecté votre insuline suffisamment à l’avance. Selon certaines études, cette tactique peut limiter le pic de glycémie post-repas.
N’hésitez pas à expérimenter
Il n’existe malheureusement pas de formule magique pour limiter les variations de la glycémie après avoir mangé. Chaque personne est différente et les facteurs qui influencent la glycémie sont très nombreux. Ainsi, n’hésitez pas à surveiller votre glycémie jusqu’à 5 heures après un repas et à expérimenter divers menus, différentes combinaisons d’aliments, ainsi que plusieurs stratégies mentionnées ci-dessus, afin de trouver VOTRE façon pour minimiser les hausses ou les baisses de la glycémie en lien avec l’alimentation.
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Références :
- Plateforme Support. Catégorie Alimentation. Cours Introduction aux glucides.
- Plateforme Support. Catégorie Alimentation. Cours Tout sur le calcul des glucides.
- Plateforme Support. Catégorie Alimentation. Cours Tout sur les ratios insuline glucides.
- Plateforme Support. Catégorie Alimentation. Cours Stratégies pour différents repas.
- Shukla, A.P. et al. (2015). Food Order Has a Significant Impact on Postprandial Glucose and Insulin Levels. Diabetes Care 38(7): e98-e99. https://diabetesjournals.org/care/article/38/7/e98/30914/Food-Order-Has-a-Significant-Impact-on
Écrit par : Nathalie Kinnard, rédactrice scientifique et assistante de recherche
Révisé par :
- Amélie Roy-Fleming, Dt.P., ÉAD, M. Sc.
- Catherine Leroux, Dt.P., M. Sc.
- Anne-Sophie Brazeau, Dt.P., Ph. D.
- Marie-Christine Payette, Claude Laforest, Michel Dostie, Amélie Eloundou, Jacques Pelletier et Domitille Dervaux, patients partenaires du projet BETTER.
Révision linguistique par : Marie-Christine Payette